Difficile de parler de Notre part de nuit en quelques lignes tant ce roman-fleuve entremêle de thèmes et d’influences. L’intrigue peut se lire à plusieurs niveaux. Le point de départ en est la fuite d’un homme dans l’Argentine des années 80. Juan cherche à protéger son fils Gaspar de sa belle-famille, richissime dynastie de propriétaires terriens dont la domination s’exerce aussi à travers l’Ordre, une société secrète adepte de la magie noire. Ils ont fait de Juan et de ses dons de médium un instrument pour convoquer l’Obscurité. Mais leur recherche avide de l’immortalité les font se tourner à présent vers Gaspar…
Mariana Enriquez ne fait pas le choix de la linéarité pour poursuive son histoire qui va se déployer dans plusieurs lieux, à plusieurs époques et selon différents points de vue. Gothique, occultisme, ethnologie, histoire, poésie irriguent ce roman profondément ancré dans la réalité de l’Argentine, sa culture, son histoire politique et sociale.
La lecture reste cependant fluide car Mariana Enriquez réussit à allier richesse de contenu et simplicité d’accès. Au fil de ses pages, le roman exerce une véritable fascination sur le lecteur par son écriture et son approche de thèmes tels que la filiation, l’héritage, le pouvoir et la part d’ombre de chacun d’entre nous.
Notre part de nuit fait partie de ces livres que l’on referme à regret, en sachant que, de toute façon, on y reviendra.